Crédit photo : Patrick Laffont de Lojo

Crédit photo : Patrick Laffont de Lojo

Le musée des contradictions

Spectacle du Collectif ildi ! eldi  (13) vu à Arles le 13 octobre 2023 aux Alyscamps, spectacle hors les mur du Théâtre d’Arles

 

Conception et mise en scène : Sophie Cattani et Antoine Oppenheim

Avec : Sophie Cattani, Odja Llorca, Catherine Morlot, Léopold Pélagie, Rémi Rauzier et le musicien Damien Ravnich

Composition musicale : Pierre Aviat et Damien Ravnich

Scénographie et lumières Patrick Laffont de Lojo

Son Guillaume Bosson

Type de public : à partir de 13 ans

Durée : 1h30

 

Cette allée des Alyscamps que j’aime tant m’invite ce soir pour un spectacle du Théâtre d’Arles hors les murs…je ne peux résister.

 

Les Alyscamps sont, pour ceux qui ne connaissent pas, un ancien cimetière qui s’ouvre par une allée de sarcophages et s’avance lentement vers une jolie clairière ombragée invitant à entrer dans le cœur de l’Église Saint-Honorat des Alyscamps.

Quel lieu idéal pour faire résonner, une fois la nuit tombée, les textes poétiques d’Antoine Wauters, pour lesquels il a reçu le prix Goncourt de la nouvelle en 2022.

Musiques, sons, lumières : des dispositifs, autonomes en énergie, aménagés tout le long d’un parcours nous ferons voyager dans les univers de personnages qui ont décidé de quitter leur vie toute tracée (par d’autres qu’eux-mêmes !), leur confort, leur sécurité, pour « prendre l’air ».

Alors le collectif ildi ! eldi a décidé que les mots aussi devaient prendre l’air, sortir des théâtres, avoir plus d’espaces pour se dire et s’entendre.

Nous allons donc déambuler dans ce site fabuleux des Alyscamps, répartis en trois groupes, pour entendre tour à tour un jeune homme qui voulait voir la mer, une mère de famille partie vivre dans la forêt avec ses copines et leur progéniture, un vieil homme rencontré au bord d’un lac, évadé de l’Ehpad à la recherche de sa dulcinée perdue.

Les mots sont forts et doux à la fois, le questionnement est permanent pour chacun d’entre eux, rien n’est définitif, rien n’est certain sauf leur désir inexorable de retrouver la nature, de s’y reconnecter parce que la vie ça ne peut être autrement et qu’ils s’en sont rendu compte à temps.

Et la nature est présente, actrice à part entière de cette aventure au pays des mots : le vent dans les arbres, les fruits de l'oranger des Osages chutant lourdement sur le sol des allées et faisant s’arrêter quelques secondes suspendues le comédien, les lumières dansant comme mille paillettes dans les branches des arbres, les instruments de musiques tant traditionnels qu’électroniques se mêlant si naturellement à cet univers.

J’ai vraiment vécu cette expérience nocturne avec une émotion intense. Je n’ai pas été déçue de la déambulation nocturne dans ce cimetière pourtant si familier que je reconnaissais à peine tant la scénographie m’a transporté dans un autre lieu, à la fois inquiétant, magique et merveilleux.

Chapeau bas aux acteurs qui ont joué trois fois leur monologue pourtant intense !

Le spectacle peut être proposé dans des lieux très divers, bien sûr plutôt en extérieur, et il est sûrement bien de le programmer dans des endroits un peu mystérieux…mais la nuit ne rend-elle pas tout lieu un peu mystérieux ?

 

Marie-Pierre

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