4.7% de liberté
4.7% de liberté

Un spectacle produit par la Cordonnerie (69) et l’ENSATT et vu au Théâtre des Abbesses (75) le 27 février 2024.

 

Texte et mise en scène : Samuel Hercule et Métilde Weyergans

Scénographie : Justine Baron, Léa Tilliet

Musique originale : Timothée Jolly, Mathieu Ogier

Comédiens (issus de la 82e promo de l’ENSATT) : Andréas Chartier, Lucie Garçon, Fanny Gobel-Reche, Garance Malard, Lucas Martini et Séraphin Rousseau

Genre : Ciné-théâtre

Public : Tout public à partir de 8 ans

Durée : 1h20

 

Je n’ai découvert la Cordonnerie que l’an passé (« ne pas finir comme Roméo et Juliette », chroniqué ici). Tellement sidérée par ce travail, j’ai décidé de ne plus jamais manqué leurs propositions. Programmée par le Théâtre de la Ville, j’ai immédiatement réservé sans même lire le programme. Petite déconvenue à l’arrivée en constatant qu’il s’agissait d’un spectacle tout public à partir de 8 ans. Non que le spectacle jeune public ne m’intéresse mais depuis que mes filles sont grandes, j’ai envie de m’offrir des plaisirs d’adulte. Ma déconvenue n’a durée que le temps de la formuler tant « 4.7%  de liberté » est formidable.

 

« 4.7% de liberté » raconte l’histoire d’un jeune couple de statisticiens un peu décalés, Axelle et Axel qui, en mal d’enfants, décide de devenir famille d’accueil. L’ASE leur confie donc Blanquette, jeune ado de 15 ans cabossée par la vie et qui telle la « chèvre de Monsieur Seguin » présente une forte propension à fuguer. Notre « double axel », tels que les étudiants surnomment leurs profs, va découvrir la parentalité. Leur manie de tout quantifier et de tout théoriser va se confronter à la réalité toute prosaïque d’une jeune fille en quête de liberté.

« 4.7% de liberté » a été créé avec la 82e promotion de l’ENSATT. Ils sont 6 sur scène épaulés par 3 régisseurs plateaux. Les comédiens sont sonorisés et jouent, à part les 3 principaux protagonistes, plusieurs rôles. Ils sont tous d’une grande justesse. Les régisseurs plateaux, son et lumière ont fort à faire avec cette profusion d’effets qui est la marque de fabrique de la Cordonnerie. Le plateau est pourtant presque nu, simplement habillé d’une table et de deux chaises. Mais au fur et à mesure que l’histoire se déroule, quelques accessoires apparaissent, judicieusement éclairés et bruités pour créer toute une atmosphère. C’est la voiture qui roule en pleine nuit et dont les phares éclairent les bandes blanches qui défilent ; c’est Blanquette qui fugue pour relâcher le crabe prévu à la table de Noël et  qui prend le train avec siège SNCF, déroulé du paysage en vidéo et annonce sonore plus vraie que nature ; c’est Blanquette encore qui grimpe en montagne à la recherche des loups et qui nous fait découvrir un paysage époustouflant, seulement fait de lumières et de fumigènes. Tout est à l’avenant. La musique, les bruitages, les interventions du comédien en faux public, le drôlissime rembobinage de la scène du retour de fugue de Blanquette, la poésie de l’image pour suggérer la mer.

« 4,7% de liberté » aborde des sujets graves. D’ailleurs le narrateur nous avait prévenus qu’il s’agissait « d’une histoire triste ». Mais la mise en scène, les trouvailles scéniques et le jeu inscrivent l’ensemble dans une sorte de fable contemporaine drôle et poétique, émouvante et légère.

 « 4.7% de liberté » est un spectacle complet et parfait qui s’adresse aussi bien aux petits qu’aux grands.

 

Catherine wolff

https://vivantmag.over-blog.com/2023/01/ne-pas-finir-comme-romeo-et-juliette.html

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