La Campagne
La Campagne

Spectacle par la compagnie Très Tôt Collectif (06), vu le 29 février dans le cadre de la deuxième édition du festival « jeunes pousses », au Théâtre de la Cité, à Nice.  

 

Texte : Martin Crimp

Mise en scène : Kalahan Hamon

Jeu : Mélissa Charlet, Caroline Dussardier, Victor Ferrer,

Musicien : Elias Salamo

Genre : Théâtre contemporain

Public : A partir de 12 ans

Durée : 1h10

 

C’est la deuxième fois que la compagnie l’Emergence organise un festival de spectacles vivants autour des jeunes compagnies locales, au Théâtre de la Cité, à Nice. Pour rappel ce théâtre est géré par la compagnie Miranda. C'est un ancien cinéma composé de 256 fauteuils rouges, refaits à neuf en 2020. Il accueille tout au long de l’année diverses créations de tout genre, que cela soit du théâtre, du stand-up, de la musique... Quant au Très Tôt Collectif, il s’agit d’une compagnie de théâtre de Nice qui proposait cette première représentation.

 

En entrant dans la salle, vous entendrez le contrebassiste jouer quelques notes, côté cours. Ce dernier est caché par une sorte de rideau de douche opaque sur lequel des ombres pourront se voir. Sur le côté jardin, en avant-scène, une table et des chaises surplombées par trois ampoules sont dévoilées. Derrière ce mobilier, une lumière bleue restera statique tout le long de la pièce. Assise sur l’une de ces chaises, derrière la table et face au public, une femme attend. Elle fume. Et cette attente durera près d’une demi-heure, le temps qu’il aura fallu pour que les retardataires arrivent… et pour que la pièce commence. Plusieurs cigarettes seront donc consommées.

C’est l’histoire d’un couple, avec enfants, qui a décidé de quitter Londres pour s’installer à la campagne. Un soir Richard, le mari, rentre avec une femme, Rebecca, qu’il dit avoir trouvée sur le bas-côté de la route. Des tensions avec Corinne, la mariée, vont donc naître. Pour appuyer ces émulsions émotionnelles, les notes parfois en pizzicato ou à l’arco de la contrebasse se feront entendre. Quand on lit le synopsis, on nous propose un genre de théâtre : celui du thriller/policier. Effectivement, chacun des personnages de ce trio passera une sorte d’interrogatoire, à charge ou à décharge avec plusieurs questions laissées en suspens… D’ailleurs ce contraste des lumières (entre le bleu derrière la table et le blanc derrière le rideau de douche) accentuera cette idée.

Le texte anglo-saxon est trop répétitif dans ses dialogues (à mon goût). Comme me le fera comprendre une amie croisée suite à la représentation, on a tendance à adapter ce genre de pièce sur une rythmique cassée entre la vitesse et le calme. Je dirais, pour ma part, que cette adaptation scénique est inégale. Non pas dans un sens négatif, que l’on se rassure… mais en ce qu’il y a trop de vitesse et pas assez de silence dans son rythme… ou serait-ce l’inverse ? Une sorte de vaudeville qui aurait croisé un univers contemporain. Peut-être est-ce la volonté de l'auteur ? De plus, comme beaucoup d’adaptations de textes contemporains, on retrouve souvent les mêmes codes de mise en scène et de jeu. Notamment du chant et de la danse comme s’il fallait montrer en quelques secondes les talents des comédien.ne.s sur scène et sans légitimité dans l'histoire. Ici c’est encore le cas. Serait-ce pour prouver qu’en se réveillant, Rebecca, à une sorte de liberté, de folie corporelle et vocale contrairement aux autres protagonistes ? Seul le metteur en scène gardera le secret. 

Le texte, brut, ne donnant aucune indication, ni aucune explication sur le passé de ces tensions et leur avenir, cette adaptation continue le chemin en marchant sur des zones d’ombres, ne donnant pas la moindre justification dans le jeu. Cela doit sûrement correspondre à l’univers du dramaturge. C’est donc réussi puisque je ressors avec de nombreuses interrogations…

Le public, dans son ensemble, sera enthousiaste au moment des applaudissements. Pour cette première, « La Campagne » aura fait parler d’elle ; ce qui prouve que la formule marche. Garder le mystère est bénéfique. Cette création peut évoluer au fil de ses représentations et de son parcours. Libre à chacun, au final, d’avoir ses propres interprétations et ses propres questions.

 

Maxime FARSETTI

 

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