Le voyage de Pénazar

Spectacle par le Très Tôt Collectif (06) vu dans le cadre du festival "Femmes en Scène", au théâtre Francis Gag (06) le mercredi 6 mars 2024, à Nice

Texte : François Cervantès

Mise en scène : Samia Metina

Jeu : Laure Sauret

Lumière : Olivier Baert

Maquillage : Kalahan Hamon

Genre : Théâtre contemporain / Seul en scène

Public : Tout public

Durée : 1h15

C’est une nouvelle fois au théâtre Francis Gag, situé dans la vieille ville de la commune de Nice, que je me suis déplacé pour aller voir ce seul en scène. Il intégrait la programmation culturelle du festival « Femmes en Scène », fêtant sa 15^ème édition. Comme son nom l’indique, cet évènement de 10 jours, met en lumière des artistes féminines qui composent les différents univers du secteur culturel. Entre photographie, théâtre, danse, musique et cinéma ; le festival a de quoi susciter de l’intérêt pour tout le monde. Et mon dévolu s’est jeté sur ce spectacle.

Pas de décors ou d’accessoires visibles sur scène. Seul un grand écran blanc est mis en évidence en fond de scène. Sur ce dernier, des projections de lumières se feront voir au fil du spectacle. Quant à ces lumières, elles sont très importantes puisqu’elles habilleront la représentation. Souvent avec des couleurs chaudes.

Le voyage de Pénazar, c’est un peu la rencontre, à mon sens, de deux mondes fictifs totalement distincts dans son histoire. Entre le récit fantastique, qui pourrait ressembler au long métrage « trois mille ans à t’attendre » de Georges Miller et la nouvelle métaphysique du « Rêve d’un homme ridicule » de Dostoïevski, le voyage de Pénazar est un petit bijou d’idées qui pourraient s’adapter au cinéma comme au théâtre. C’est ce challenge que la metteure en scène et la comédienne ont voulu relever avec ce spectacle vivant. Ne connaissant pas ce texte, datant de 2000, ni son auteur, je dois dire que c’est une révélation. Ce seul en scène conte l’histoire d’un serviteur fidèle à son maître, un prince. Un jour Pénazar se retrouve orphelin. Il traverse les siècles, les paysages physiques, rencontre des individus qui vont lui faire comprendre le désordre du monde. C’est donc un récit d’apprentissage pour un immortel naïf aux accents d’un Candide voltairien.

Cette représentation théâtrale à Francis Gag est une reprise du spectacle qui a déjà été joué. Comme toutes les créations artistiques issues du spectacle vivant, il y a une évolution à chaque représentation. La comédienne s’en sort très bien et néanmoins, il y a quelques ruptures dans le ton des personnages ou des descriptions que fait Pénazar qui ne sont pas assez accentuées et laissent un rythme trop linéaire par moments. La concentration sur ce qui passe sur scène s’échappe un instant et revient. On ne perd pas le fil mais, pour autant on ne s’y accroche pas. De plus, la comédienne a une belle présence scénique dans ce récit onirique et fantastique mais n’est pas, à mon avis, assez accompagnée de son ou musique. Ces éléments apparaissent ponctuellement mais trop rarement. Cela pourrait, peut-être, aider le public à rentrer et à plus participer au voyage de cet humble serviteur. C’est sûrement un parti pris de l’équipe ou des indications scéniques de l’auteur. A noter aussi que, pour moi, ce spectacle mériterait d'être plus adapté sur des petits espaces scéniques. En effet, l'énergie transmise par la comédienne serait plus marquée dans une salle intimiste, proche du public.

En conclusion c’est une belle découverte qui mérite de se jouer pour évoluer.

Maxime FARSETTI