Boris et les sœurs Sushi
Source : Compagnie Renards
Source : Compagnie Renards

Spectacle des compagnies Effet Mer (34) et Undessix (Belgique), vu le 7 mai 2016, sous chapiteau au Domaine d’O à Montpellier (34), dans le cadre du Festival Saperlipopette

Texte : Arthur Oudar

Mise en scène : Arthur Oudar et Baptiste Toulemonde

Interprétation : Arthur Oudar, Julie Sommervogel, Nina Lombardo, François Gillerot / Baptiste Toulemonde (en alternance)

Genre : Théâtre

Public : Familles à partir de 6 ans

Durée : 55 minutes

Création 2015

L’histoire commence dans le noir, avec en fond sonore des borborygmes qui émanent du ventre de Boris ! On ne sait pas encore très bien qui est le personnage qui, dans un halo de lumière, nous signale qu’on trouve beaucoup de choses incongrues dans cet estomac… Afin d’expliciter le fait, il décide de nous raconter l’histoire depuis le début, et comment il a fait la connaissance de Boris.

Boris est un enfant de 8 ans, trop grand pour être petit, mais trop petit pour être un adulte… Il est juste hors normes, et sa Mama qui n’arrive plus à assumer son gigantisme, le met un jour dehors, estimant qu’il est temps pour lui d’aller vivre sa vie !

Dans la forêt, il rencontre le loup (en fait notre narrateur) dont il n’a absolument pas peur… Ce serait même l’inverse ! Bien que le loup lui conseille de rester à l’écart du monde, où les êtres différents ne sont pas appréciés, il décide malgré tout d’aller s’inscrire à l’école… Il a la chance d’y faire la connaissance des redoutables sœurs Sushi, qui font la pluie et le beau temps dans la cour de récré. Elles animent une espèce de cabaret de préau, et créent des numéros complètement déjantés. Boris devient leur ami et partenaire, mais aussi l’amoureux d’Alice !

L’écriture est réellement d’une grande qualité, très contemporaine et inventive dans le domaine du conte destiné prioritairement au jeune public. J’avais déjà eu un aperçu de la créativité d’Arthur Oudar, lorsque j’ai vu il y a quelques années "Les Pitoyables aventures de Tom Pouce" et "Bonjour, on est un tsunami". Les codes ont changé et les enfants ne rient plus tout à fait des mêmes choses qu’il y a dix, vingt ou trente ans. Arthur Oudar table sur une vraie écriture théâtrale, délirante et réaliste, qui n’effraie cependant pas les enfants car le rire n’est jamais très loin.

Et finalement, les adultes s’amusent tout autant que les enfants, si j’en crois les réactions dans les rangs de l’assistance. Il n’y a pas de temps mort, les quatre comédiens, d’une énergie inépuisable, chantent, dansent, s’agitent pendant près d’une heure. Le choix de François Gillerot pour le rôle de Boris est très judicieux. Sa grande taille et son visage juvénile en font un jeune ogre tout à fait "crédible"… Et il semble par ailleurs prédestiné puisqu’il interprète également "l’Ogrelet" de Suzanne Lebeau, avec une autre compagnie !

Le décor, installé au centre d’un cercle délimité par des lumières, est sommaire, composé de quelques meubles ou objets d’usage scolaire, détournés astucieusement pour les créations "artistiques" des Sœurs Sushi, au rang desquelles un petit spectacle de marionnettes et de théâtre d’ombres. Les éclairages complètent à bon escient les différentes phases de l’action. La musique est omniprésente, parfois même un peu trop, et c’est d’ailleurs le seul vrai reproche que je ferais à ce spectacle, qui comporte malgré tout quelques (petites) longueurs.

La morale n’est pas absente de ce spectacle, qui respire la bonne humeur, les joies de l’amitié et de l’amour, de l’entraide, par-delà les différences. La fin paraît certes étrange mais est, d’une certaine manière, très positive. Boris a enfin trouvé son bonheur de vivre…

Le public a quitté le chapiteau avec la banane, conquis.

Cathy de Toledo

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