Spectacle présenté sur le Off 2022.

Spectacle de la Compagnie Les Zigomatics (79), vu à l’Espace Alya le 20 juillet 2021 à 21 h 10 dans le cadre du Festival OFF d'Avignon.

 

Auteur et Metteur en scène : Ludovic Pitorin

Interprète(s) : Aline Barré, Xavier Pierre, Benjamin Scampini, Ludovic Pitorin

Accompagnement artistique : Fabien Casseau

Musique : Benjamin Scampini

Lumière : Xavier Pierre

Genre : Théâtre

Public : À partir de 12 ans

Durée : 1 h 25

 

L’une des chroniqueuses de Vivantmag a déjà commenté « Manger» en 2014 - leur précédent spectacle - et c’est avec enthousiasme et une vraie envie que je voulais découvrir cette nouvelle création autour d’un thème essentiel, celui de l’urgence climatique. Bien m’en a pris, Ils m’ont offert tout ce que j’aime dans le théâtre.

Sur un grand plateau nu, avec projection vidéo en fond de scène et voix off prophétique, quatre explorateurs de haute montagne recueille un nouveau-né tombé du ciel tel un jésus environnementaliste et vont l’emmener découvrir l’état de notre terre.

Nos quatre comédiens nous embarquent avec le nourrisson pour cinq escales qui mettent en avant l’absurdité et les dérives de notre société, tout en se limitant à nous présenter les faits, sans jamais tomber dans le rôle du donneur de leçon.

Juste pour vous donner une idée, nous commençons par l’épreuve de patinage des jeux olympiques, qui se déroulent sur la banquise, présenté par un commentateur sportif aux petits oignons et ponctué par le tonique gimmick « Tout est sous contrôle » d’un représentant de l’organisation. Tout y est. C’est drôle, inattendue, émouvant et intelligent.

La mise en scène déborde d’inventivité, pleine de trouvailles et d’effets, nous surprenant presque à chaque scène. Comme celle en Amazonie, avec le propriétaire brésilien qui met le feu à la forêt pour y élever ses steaks sur pattes, et où la vidéo et les effets spéciaux viennent compléter habilement et sans cannibaliser l’excellent jeu des comédiens, qui se donnent à fond dans l’exercice.

Ludovic Pittorin sait traiter de ces sujets brûlants et complexes – le réchauffement, la déforestation, la biodiversité, la consommation, l’eau ou l‘inertie des politiques - avec humour, pertinence et impertinence, jouant avec toutes les possibilités du théâtre et permettant de sensibiliser le plus grand nombre.

Ils proposent dans un final survolté, la fameuse fresque où l’on replace l’univers sur un calendrier annuel : le big bang aurait lieu le premier janvier et nous serions en ce moment même, le trente-et-un décembre à minuit. L’homme serait apparu le 31 décembre à 23 h 59 et, en un battement de cil, a fait basculer les équilibres fondamentaux. L’accélération de la destruction de notre planète dans ces derniers instants est vertigineuse.

C’est le type de spectacle qui me touche à tous les endroits : par les propos et le sujet qu’il présente, par la richesse des formes artistiques qu’il propose – musique, théâtre, chanson, mime, vidéo - et par l’univers drôlatique et loufoque qui l’accompagne.

Sur un sujet pareil, c’est un vrai exploit.

À recommander pour vos prochaines programmations ! 

 

Éric Jalabert 

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