le cri des mursSpectacle de la « Compagnie El Triciclo » (34), vu à la Maison Pour Tous Frédéric Chopin de Montpellier (34), le dimanche 11 mai 2014, à 15h30.

 

Mise en scène : Juliette Mouchonnat

Comédiennes : Eloïse Alibi, Juliette Mouchonnat, Ana Melillo.

 

vivant-3-toiles-4Genre : théâtre

Public : adultes et grands adolescents

Durée : 1h

 

La pièce s’ouvre dans le vif d’une histoire, où trois femmes en quête de liberté évoquent leur exil. La scène, fait paraître un désordre comme pourrait l'être celui d’une personne qui fuit dans l’urgence. Les comédiennes vêtues sobrement portent un cabas, qui constitue l’unique accessoire de leur condition d’exilées. Dans leur errance, elles donnent corps à des poèmes de Darwich, Garcia Llorca, Sénac… pour dénoncer les atrocités perpétrées par les hommes entre eux.

 

Ce spectacle mêle chant, poésie, musique et peinture. Il donne une forme et une force à des poèmes qui sont habituellement lus. Le choix des poètes internationaux reflète le caractère universel de l’oppression quelle que soit sa forme. Certains poèmes sont déclamés ou chantés dans leur langue d’origine. Ils dénoncent tous types de violences, qu’elles soient physiques, morales ou matérielles, et les aberrations qu’elles engendrent. Ces poèmes engagés, ont traversé l’histoire mais restent toujours d’actualité et témoignent de la mondialisation de la violence.

 

La performance scénique d’Eloïse Alibi retransmet avec générosité la douleur et incarne la rage qui ressort des textes. La voix magnifique de l’artiste, accompagnée de son piano, invite à la réflexion et donne un ton grave à la pièce. L’artiste, volubile, s’exprime en variant les rythmes au gré de ses émotions jusqu’à en perdre haleine et s’effondrer.

La peinture réalisée par Ana Melillo au cours de la pièce, est importante par sa dimension autant visuelle que symbolique. Le tableau sert de toile de fond et évolue avec le spectacle sous les coups de pinceaux du personnage. La toile représente différents symboles d’oppression et de liberté que chaque spectateur interprète en fonction de son imaginaire ou de son vécu.

Enfin Juliette Mouchonnat sort de sa situation d’exilée pour se métamorphoser un instant en dictateur cynique qui évoque, sans état d’âme, les atrocités qu’il inflige.

Sans donner de leçons, les comédiennes nous rappellent que la liberté n’est jamais acquise. Les aliénations évoluent avec le temps pour prendre des formes plus insidieuses, et apparemment plus inoffensives.

 

Le spectacle livre un moment d’émotion et de poésie au spectateur. Néanmoins, le rythme au début du spectacle gagnerait à être moins soutenu afin que le spectateur apprécie la musique des mots, et rentre dans l’imaginaire proposé. Le spectacle fort en intensité dramatique s’adresse davantage aux grands adolescents et aux adultes.

 

 

Richard Gineste

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